Donjons-logis en Belgique

Brabant, Flandre, Hainaut

             Le numéro double 44-45 décembre 2007, mars 2008, de la revue Châteaux-Forts d’Europe est consacré à l’étude accompagnant le 14e Congrès Castellologique (Charleroi) en mai 2008. Le thème du donjon-logis ne se borne pas à une simple chrono-typologie. Nous avons recherché les formes originales qui ont conditionné le plan et l’organisation des châteaux.

             La Belgique conserve nombre d’édifices qui donnent un éclairage nouveau sur l’aspect des maisons-fortes du XIIe siècle. De petites tours romanes (comme celles d’Alvaux et de Crupet) semblent échapper au « droit de fortification ». On peut en effet les présenter non comme des donjons, mais comme des maisons hautes parce qu’il n’y a pas d’enceinte participant à la défense.  La protection résulte d’une position insulaire occasionnée par des étangs et des marécages. Ces bâtiments assurent très tôt la pérennité des seigneuries domaniales ou villageoises à côté des véritables châteaux-forts princiers qui sont d’énormes masses de pierres comme à Gand ou à Ath.

             Lorsque les puissantes enceintes en pierre se généralisent dans les maisons-fortes (lorsqu’elles deviennent davantage que de simples clôtures), le donjon reçoit parfois la double fonction de principal logis et de défense de la porte. La formule est adoptée jusque dans les châteaux des grands seigneurs au XIVe siècle. Cela va de pair avec le désir des princes de contrôler ce qui se passe dans l’habitation et dans une enceinte plus restreinte qui rejette hors de la « curia », dans des enceintes particulières, les demeures des chevaliers et les chevaux.

             A la fin du XIIIe et au XIVe siècle sont créées des formes originales jusqu’à l’extravagance. Les architectes montrent qu’ils « savent tout faire ». La recherche esthétique est conditionnée par le télescopage entre le gothique flamboyant précoce et les premières manifestations de la Renaissance italienne (le retour à l’Antique) au Nord des Alpes. A elle s’ajoute la nécessité d’afficher la réussite sociale. Parmi ces architectures, la plus originale est celle de Terheyden où un officier ducal au sommet de sa carrière se heurte à la hiérarchie féodale du seigneur régional qui lui interdit de fortifier ; comme celui de Verdelles dans la Sarthe, il lui faut alors se singulariser dans une architecture prodigieuse pour affirmer sa supériorité sur le petit chef local.

             L’un des châteaux les plus extraordinaires de Belgique est celui de Beersel. Il est organisé dans une succession de trois donjons-logis ménageant une cour bien dégagée. C’est un type de forteresse liée à la guerre, où l’on peut faire stationner des troupes nombreuses à l’abri des attaques surprises et dans un contexte discipliné.

             Enfin, il ne faut pas oublier qu’à partir de 1384, la Flandre devient la « Bourgogne de par-deça ». L’architecture bourguignonne est rapidement influencée par la Flandre, notamment parce que la comtesse, qui est Flamande, s’installe à Germolles (co. Mellecey). Les ducs de Bourgogne laissent aussi des souvenirs prégnants dans les châteaux flamands et parmi les moyens de les détruire. L’un de ces témoins spectaculaires est la Dulle Griete, la grosse bombarde conservée à Gand, longue de 5 m (dont 1,55 m pour la culasse), d’un poids de 8200 kg et d’un calibre de 64 cm. Un canon de ce nom a été forgé à Gand et il est mentionné par Froissart à la date de 1382. Mais celui qui est conservé actuellement porte une marque qui ne peut être antérieure à 1419. Sa fabrication et ses dimensions sont semblables à celles du Mons Meg conservé à Edimburg-Castle. Or, on sait que ce dernier est réalisé à Mons en 1449 pour le duc Philippe de Bourgogne pour la somme de 1536 livres et 2 sous (en 1457, il est expédié en Ecosse et en 1460 il participe au siège de Rowburgh-Castle). Beaucoup de choses ont été écrites sur la Dulle Griet et plusieurs dates proposées, c’est pour cette raison que nous insistons ici. En 1967, Claude Gaier a publié le document par lequel le duc de Bourgogne Philippe-le-Bon donne ordre de la forger en 1449.

 

82 pages, 142 illustrations, photos, gravures et plans et 6 planches couleurs hors texte

 

L'auteur : Charles-Laurent SALCH

 

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